Tuesday, October 06, 2015
On the Horrible Danger of Reading
The only translation I can find of Voltaire's pamphlet De l'horrible danger de la lecture comes from The Tatler. A Daily Journal of Literature and the Stage, Vol. 2, No. 221 (Thursday, May 19, 1831) 883. I've slightly revised the translation and interspersed the French, paragraph by paragraph:
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Joussouf-Chéribi, by the grace of God Mufti of the Holy Ottoman Empire, light of lights, elect among the elect, to all the faithful who shall see these presents, folly and benediction.
Nous Joussouf-Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction.
Whereas Saïd-Effendi, heretofore Ambassador of the Sublime Porte to a little state, called Frankrom, situated between Spain and Italy, has introduced among us the pernicious use of printing; we, having consulted on this novelty our venerable brethren the cadis and imams of the imperial city of Stamboul, and more especially, the fakirs known for their zeal against all mental advancement, it has seemed good unto Mahomet and to us to condemn, proscribe, and anathematize the said infernal invention of printing, for the causes hereunto annexed.
Comme ainsi soit que Saïd-Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime-Porte vers un petit État nommé Frankrom, situé entre l'Espagne et l'Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l'imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imans de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs connus par leur zèle contre l'esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l'imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées.
lst. This facility of communicating thoughts, evidently tends to the dissipation of ignorance, which is the guardian and safe-guard of well-regulated states.
1° Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l'ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés.
2nd. It is to be feared that among the books brought from the West, there may be some which treat of agriculture, and the means of perfecting the mechanic arts, which works may at length, in opposition to the will of God, awaken the intellect of our cultivators and manufacturers, excite them to industry, increase their possessions, and, in the end, inspire them with some elevation of mind, some interest in the public good, sentiments directly in opposition to sound doctrine.
2° Il est à craindre que, parmi les livres apportés d'Occident, il ne s'en trouve quelques-uns sur l'agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu'à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d’âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la saine doctrine.
3rd. It may happen, in the course of time, that we may have books of history freed from the marvels which now keep the nation in a happy state of stupidity. The authors of these books may have the imprudence to do justice to good and bad actions, and to recommend equity and the love of one's country, which is visibly contrary to our rights.
3° Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d'histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l'imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l'équité et l'amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place.
4th. It may be that some miserable philosophers, under the specious but criminal pretence of enlightening and improving mankind, may come to instruct us in dangerous virtues, with which the people ought never to have any acquaintance.
4° Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d'éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance.
5th. They may, by increasing the people's respect for God, and scandalously asserting in print that His power is the same in all places, diminish the number of pilgrims to Mecca, to the great detriment of the salvation of souls.
5° Ils pourraient, en augmentant le respect qu'ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu'il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes.
6th. It would undoubtedly come to pass, that by reading those authors from the West who have treated of contagious disorders, and of the manner of preventing them, we should be so unfortunate as to be freed from the plague; which would be manifestly flying in the face of Providence.
6° Il arriverait sans doute qu'à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence.
For these and other reasons, for the edification of the faithful, and the benefit of their souls, we forbid them ever to read any book, upon pain of eternal damnation; and lest they should be overcome by the diabolical temptation to gain knowledge, we forbid all fathers and mothers to teach their children to read. And, to prevent any opposition to this our ordinance, we expressly forbid them to think; under the same penalties. We enjoin all the believers to denounce to our tribunal, whomsoever shall have been heard to utter four connected phrases, expressive of a clear and distinct meaning. We ordain that, in conversation, no terms shall be used, but those which mean nothing, according to the ancient and long established usage of the Sublime Porte.
A ces causes et autres, pour l'édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s'instruire, nous défendons aux pères et aux mères d'enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l'ancien usage de la Sublime-Porte.
And, to prevent the entrance of any contraband thought into the sacred imperial city, we especially charge the first physician of his Highness (born in a marsh in the South-west; which said physician having already killed four august members of the Ottoman family, is more interested than any other person in preventing the introduction of knowledge into the country), and empower him, by these presents, to seize every idea that shall present itself, whether in writing or by word of mouth, at the gates of the city, and to bring before us the said idea, bound hand and foot, that we may inflict upon it such chastisement as may seem good unto us.
Et pour empêcher qu'il n'entre quelque pensée en contrebande dans la sacrée ville impériale, commettons spécialement le premier médecin de Sa Hautesse, né dans un marais de l'Occident septentrional; lequel médecin, ayant déjà tué quatre personnes augustes de la famille ottomane, est intéressé plus que personne à prévenir toute introduction de connaissances dans le pays; lui donnons pouvoir, par ces présentes, de faire saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche aux portes de la ville, et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu'il nous plaira.
Given in our Palace of Stupidity, on the seventh of the month of Muharem, in the year 1143 of the Hegira.
Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l'an 1143 de l'hégire.