Thursday, January 09, 2020
Superficial Smatterers
Jean de La Bruyère (1645-1696), Characters XIV.2 (tr. Henri van Laun):
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Some people immoderately thirst after knowledge, and are unwilling to ignore any branch of it, so they study them all and master none; they are fonder of knowing much than of knowing some things well, and had rather be superficial smatterers in several sciences than be well and thoroughly acquainted with one. They everywhere meet with some person who enlightens and corrects them; they are deceived by their idle curiosity, and often, after very long and painful efforts, can but just extricate themselves from the grossest ignorance.Related post: Aimless Incursions into Knowledge.
Other people have a master-key to all sciences, but never enter there; they spend their lives in trying to decipher the Eastern and Northern languages, those of both the Indies, of the two poles, nay, the language spoken in the moon itself. The most useless idioms, the oddest and most hieroglyphical-looking characters, are just those which awaken their passion and induce them to study; they pity those persons who ingenuously content themselves with knowing their own language, or, at most, the Greek and Latin tongues. Such men read all historians and know nothing of history; they run through all books, but are not the wiser for any; they are absolutely ignorant of all facts and principles, but they possess as abundant a store and garner-house of words and phrases as can well be imagined, which weighs them down, and with which they overload their memory, whilst their mind remains a blank.
Quelques-uns, par une intempérance de savoir, et par ne pouvoir se résoudre à renoncer à aucune sorte de connaissance, les embrassent toutes et n'en possèdent aucune; ils aiment mieux savoir beaucoup que de savoir bien, et être faibles et superficiels dans diverses sciences que d'être sûrs et profonds dans une seule. Ils trouvent en toutes rencontres celui qui est leur maître et qui les redresse; ils sont les dupes de leur curiosité, et ne peuvent au plus, par de longs et pénibles efforts, que se tirer d'une ignorance crasse.
D'autres ont la clef des sciences, où ils n’entrent jamais; ils passent leur vie à déchiffrer les langues orientales et les langues du nord, celles des deux Indes, celles des deux pôles, et celle qui se parle dans la lune. Les idiomes les plus inutiles, avec les caractères les plus bizarres et les plus magiques, sont précisément ce qui réveille leur passion et qui excite leur travail; ils plaignent ceux qui se bornent ingénument à savoir leur langue, ou tout au plus la grecque et la latine. Ces gens lisent toutes les histoires et ignorent l'histoire; ils parcourent tous les livres, et ne profitent d'aucun; c'est en eux une stérilité de faits et de principes qui ne peut être plus grande, mais, à la vérité, la meilleure récolte et la richesse la plus abondante de mots et de paroles qui puisse s'imaginer: ils plient sous le faix; leur mémoire en est accablée, pendant que leur esprit demeure vide.