Saturday, February 08, 2020

 

Language Learning

Jean de La Bruyère (1645-1696), Characters XV.71 (tr. Henri van Laun):
Children can scarcely know too many languages, and methinks, all means should be taken to facilitate their acquiring them; there is no condition of life in which they are not useful, for they clear the way for the acquisition of solid learning, as well as for easy and pleasant acquirements. If this somewhat difficult study is put off to that more advanced age which is called youth, people have no longer the strength of mind and the will to follow it up, and if they do, they find it impossible to persevere; for in studying those languages they consume that very time which should be applied in speaking them, and confine themselves to mastering words when they wish to proceed beyond, and require facts; and thus they lose the first and most valuable years of their life. Such a grand foundation can never rightly be laid, unless it be when the soul naturally receives everything, is deeply impressed by it, and when the memory is fresh, quick, and steady; when the mind and the heart are yet void of passions, cares, and desires, and when those who have a right to dispose of us, induce us to labour for a considerable time. I am convinced the small number of true scholars and the great number of superficial ones is owing to the neglect of this rule.

L'on ne peut guère charger l'enfance de la connoissance de trop de langues, et il me semble que l'on devroit mettre toute son application à l'en instruire; elles sont utiles à toutes les conditions des hommes, et elles leur ouvrent également l'entrée ou à une profonde ou à une facile et agréable érudition. Si l'on remet cette étude si pénible à un âge un peu plus avancé, et qu'on appelle la jeunesse, ou l'on n'a pas la force de l'embrasser par choix, ou l'on n'a pas celle d'y persévérer; et, si l'on y persévère, c'est consumer à la recherche des langues le même temps qui est consacré à l'usage que l'on en doit faire; c'est borner à la science des mots un âge qui veut déjà aller plus loin, et qui demande des choses; c'est, au moins, avoir perdu les premières et les plus belles années de sa vie. Un si grand fonds ne se peut bien faire que lorsque tout s'imprime dans l'âme naturellement et profondément ; que la mémoire est neuve, prompte et fidèle; que l'esprit et le cœur sont encore vides de passions, de soins et de désirs, et que l'on est déterminé à de longs travaux par ceux de qui l'on dépend. Je suis persuadé que le petit nombre d'habiles, ou le grand nombre de gens superficiels, vient de l'oubli de cette pratique.



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