Sunday, February 09, 2020

 

Original Texts

Jean de La Bruyère (1645-1696), Characters XV.72 (tr. Henri van Laun):
The study of the original texts can never be sufificifently recommended; it is the shortest, the safest, and the most pleasant way for all kinds of learning. Take things from the beginning, go to the main spring, read over the text repeatedly, learn it by heart, quote it upon occasions; above all, apply yourself to penetrate the sense of it to its fullest extent and in all its circumstances, reconcile an author's various sentiments, settle his principles, and draw your own conclusions. The early commentators were in the very position I should wish you to be; never borrow their explanations nor adopt their ideas unless your own fail you, for their interpretation is not yours and may easily slip out of your memory; on the contrary, your observations have sprung up in your own mind, will abide with you, and more readily recur in your conversations, consultations, and discussions. You will be delighted to observe that in your reading no insurmountable difficulties will present themselves except those that have nonplussed com- mentators and scholiasts themselves, who, moreover, have at their command such a rich and abundant store of vain and useless learning when passages are sufficiently clear and present no difficulties to themselves nor to others. This system of studying the original texts will convince you that men's laziness has encouraged pedants to increase the bulk of libraries rather than their worth, and to crush the text under a weight of commentaries; by doing this they have injured themselves and acted contrary to their own interests, as those same commentaries have caused an increase of reading, researches, and of that kind of labour which they intended to render useless.

L'étude des textes ne peut jamais être assez recommandée; c'est le chemin le plus court, le plus sûr et le plus agréable pour tout genre d'érudition: ayez les choses de la première main; puisez à la source; maniez, remaniez le texte; apprenez-le de mémoire; citez-le dans les occasions; songez surtout à en pénétrer le sens dans toute son étendue et dans ses circonstances; conciliez un auteur original, ajustez ses principes, tirez vous-même les conclusions. Les premiers commentateurs se sont trouvés dans le cas où je désire que vous soyez: n'empruntez leurs lumières et ne suivez leurs vues qu'où les vôtres seraient trop courtes; leurs explications ne sont pas à vous, et peuvent aisément vous échapper. Vos observations, au contraire, naissent de votre esprit et y demeurent; vous les retrouvez plus ordinairement dans la conversation, dans la consultation et dans la dispute: ayez le plaisir de voir que vous n'êtes arrêté dans la lecture que par les difficultés qui sont invincibles, où les commentateurs et les scoliastes euxmêmes demeurent court, si fertiles d'ailleurs, si abondants et si chargés d'une vaine et fastueuse érudition dans les endroits clairs, et qui ne font de peine ni à eux ni aux autres. Achevez ainsi de vous convaincre, par cette méthode d'étudier, que c'est la paresse des hommes qui a encouragé le pédantisme à grossir plutôt qu'à enrichir les bibliothèques, à faire périr le texte sous le poids des commentaires; et qu'elle a en cela agi contre soi-même et contre ses plus chers intérêts, en multiplant les lectures, les recherches et le travail qu'elle cherchait à éviter.



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