Thursday, January 14, 2021

 

Reading the Encyclopedia

The Words: The Autobiography of Jean-Paul Sartre, tr. Bernard Frechtman (New York: Vintage Books, 1981) pp. 50-51:
The library contained little other than the major French and German classics. […] A lean universe. But for me the Larousse Encyclopedia took the place of everything: I would pick a volume at random, behind the desk, on the next-to-last shelf, A-Bello, Belloc-Ch or Ci-D, Mele-Po or Pr-Z (these associations of syllables had become proper names which designated sectors of universal knowledge: there was the Ci-D region, the Pr-Z region, with their flora and fauna, cities, great men, and battles); I would set it down laboriously on my grand-father's blotter, I would open it. There I would take real birds from their nests, would chase real butterflies that alighted on real flowers. Men and animals were there in person: the engravings were their bodies, the texts were their souls, their individual essence. Beyond the walls, one encountered rough sketches which more or less approximated the archetypes without achieving their perfection: the monkeys in the zoo were less monkey, the men in the Luxembourg Gardens were less man. In Platonic fashion, I went from knowledge to its subject. I found more reality in the idea than in the thing because it was given to me first and because it was given as a thing. It was in books that I encountered the universe: assimilated, classified, labeled, pondered, still formidable; and I confused the disorder of my bookish experiences with the random course of real events. From that came the idealism which it took me thirty years to shake off.

La bibliothèque ne comprenait guère que les grands classiques de France et d'Allemagne. […] Maigre univers. Mais le Grand Larousse me tenait lieu de tout: j'en prenais un tome au hasard, derrière le bureau, sur l'avant-dernier rayon, A-Bello, Belloc-Ch ou Ci-D, Mele-Po ou Pr-Z (ces associations de syllabes étaient devenues des noms propres qui désignaient les secteurs du savoir universel: il y avait la région Ci-D, la région Pr-Z, avec leur faune et leur flore, leurs villes, leurs grands hommes et leurs batailles); je le déposais péniblement sur le sous-main de mon grand-père, je l'ouvrais, j'y dénichais les vrais oiseaux, j'y faisais la chasse aux vrais papillons posés sur de vraies fleurs. Hommes et bêtes étaient là, en personne: les gravures, c'étaient leurs corps, le texte, c'était leur âme, leur essence singulière; hors les murs, on rencontrait de vagues ébauches qui s'approchaient plus ou moins des archétypes sans atteindre à leur perfection: au Jardin d'Acclimatation, les singes étaient moins singes, au Jardin du Luxembourg, les hommes étaient moins hommes. Platonicien par état, j'allais du savoir à son objet; je trouvais à l'idée plus de réalité qu'à la chose, parce qu'elle se donnait à moi d'abord et parce qu'elle se donnait comme une chose. C'est dans les livres que j'ai rencontré l'univers: assimilé, classé, étiqueté, pensé, redoutable encore; et j'ai confondu le désordre de mes expériences livresques avec le cours hasardeux des événements réels. De là vint cet idéalisme dont j'ai mis trente ans à me défaire.
Hat tip: Eric Thomson.

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