Friday, June 25, 2021

 

Man Makes the Land

Jules Michelet (1798-1874), The People, tr. C. Cocks (London: Longman, Brown, Green, and Longmans, 1846), pp. 21-22:
In more than one province of France the cultivator has a right, which is certainly the first of all, that of having created the land. I speak not metaphorically. Behold those parched rocks, those arid hills in the south. I ask you where would the land be there without man? Property there is entirely in the proprietor. It lies in the indefatigable arm that breaks the flint-stones all day long, and mixes the dust with a little earth. It lies in the strong back of the vine-dresser, who, from the bottom of the hill, is ever banking up his field that is always wasting away. It lies in the docility, the patient ardour of the wife and child, who draw the plough with an ass. A painful sight! and Nature herself sympathises with them. The little vine takes root between the rocks: the chesnut—sober and courageous tree—flourishes without soil, by grasping the pure flint with its roots; it seems to live on air, and, like its master, to produce even fasting.

Yes, man makes the land: this may be said even of the least barren countries. Let us never forget this, if we wish to know how much and how passionately he loves it. Reflect that for centuries generations have devoted to it the sweat of their brow, the bones of the dead, their savings, and their food. That land, where man has so long deposited the best part of man, his sap and his substance, his efforts, and his virtue: that land he feels is human, and he loves it like a human being.



Il est plus d'un pays en France où le cultivateur a sur la terre un droit qui certes est le premier de tous, celui de l'avoir faite. Je parle sans figure. Voyez ces rocs brûlés, ces arides sommets du midi; là, je vous prie, où serait la terre sans l'homme? La propriété y est toute dans le propriétaire. Elle est dans le bras infatigable qui brise le caillou tout le jour, et mêle celte poussière d'un peu d'humus. Elle est dans la forte échine du vigneron qui, du bas de la côte, remonte toujours son champ qui s'écoule toujours. Elle est dans la docilité, dans l'ardeur patiente de la femme et de l'enfant qui tirent à la charrue avec un âne...Chose pénible à voir...Et la nature y compâtit elle-même. Entre le roc et le roc, s'accroche la petite vigne. Le châtaignier, sans terre, se tient en serrant le pur caillou de ses racines, sobre et courageux végétal; il semble vivre de l'air, et comme son maître, produire tout en jeûnant.

Oui l'homme fait la terre; on peut le dire, même des pays moins pauvres. Ne l'oublions jamais, si nous voulons comprendre combien il l'aime et de quelle passion. Songeons que, des siècles durant, les générations ont mis là la sueur des vivants, les os des morts, leur épargne, leur nourriture...Cette terre, où l'homme a si longtemps déposé le meilleur de l'homme, son suc et sa substance, son effort, sa vertu, il sent bien que c'est une terre humaine, et il l'aime comme une personne.



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