Wednesday, February 02, 2022

 

Bastidian Morals

Marcel Pagnol (1895-1974), Jean de Florette (tr. W.E. van Heyningen), chapter 1:
All the same, they chatted willingly and had no objection to cock-and-bull stories. But always, whether talking about everything or nothing, they rigorously respected the first law of Bastidian morals—"Stay out of other people's business."

The second law was that Les Bastides was the most beautiful village in Provence, infinitely more important than the market towns of Les Ombrées or Ruissatel that had more than five hundred inhabitants.

Pourtant, ils bavardaient volontiers, et ne détestaient pas la «galéjade»… Mais tout en parlant de tout et de rien, ils respectaient rigoureusement la première règle de la morale bastidienne. «On ne s'occupe pas des affaires des autres.»

La seconde règle, c'était qu'il fallait considérer les Bastides comme le plus beau village de Provence, infiniment plus important que le bourg des Ombrées, ou celui de Ruissatel, qui comptaient plus de cinq cents habitants.
On the second law cf. id., chapter 6:
One never saw a Bastidian desert his village, except for the son of the Médérics, and the Testards. The young Médéric one could forgive, because he had finished school and had become a customs officer at Marseille; an altogether glorious profession since a customs officer wears a uniform and has the right to search everybody, even a curé; and moreover, nothing stops him from sleeping, neither ice, nor drought, nor hail, and everything ends with retirement, and no more work. It was not possible to have such a fine career while remaining at Les Bastides. But the Testards, who had gone elsewhere to till a less ungrateful soil, had thereby defamed their native soil and betrayed the honor of the village; when one passed by the ruins of their farm, one spat on the ground. Besides, what good was it to succeed in a "foreign" land? There were no friends to rejoice in your success, and you were not able to enjoy the comforting envy of your neighbors.

On n'avait jamais vu un Bastidien abandonner son village, sauf le fils de Médéric, et les Testard. Le petit Médéric, on lui avait pardonné, parce qu'il avait fait les écoles, et qu'il était devenu douanier à Marseille : profession tout à fait glorieuse, car le douanier porte un uniforme, et il a le droit de fouiller tout le monde, même un curé; et de plus, rien ne l'empêche de dormir, ni la gelée, ni la sécheresse, ni la grêle, et tout ça finit par une retraite, les mains dans les poches… Il n'est pas possible de faire une si belle carrière en restant aux Bastides. Mais les Testard, qui étaient allés piocher ailleurs une terre moins ingrate, avaient ainsi diffamé le sol natal, et trahi l'honneur du village: quand on passait près des ruines de leur ferme, on crachait par terre. D'ailleurs, à quoi ça servirait de réussir dans un pays «étranger»? Aucun ami ne s'y réjouirait de votre succès, et vous ne pourriez pas déguster la réconfortante envie des voisins.



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