Saturday, April 19, 2014
An Enduring and Harmless Pleasure
Anatole France (1844-1924), The Garden of Epicurus, tr. Alfred Allinson (London: John Lane, 1920), pp. 109-110:
José Gutiérrez Solana, El Bibliófilo
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The love of books is really a commendable taste. Bibliophiles are often made fun of, and perhaps, after all, they do lend themselves to raillery. But we should rather envy them, I think, for having successfully filled their lives with an enduring and harmless pleasure. Detractors think to confound them by declaring they never read their books. But one of them had his answer pat: "And you, do you eat off your old china?" What more innocent hobby can a man pursue than sorting away books in a press? True, it is very like the game the children play at when they build sand castles on the seashore. They are mighty busy, but nothing comes of it; whatever they build will be thrown down in a very short time. No doubt it is the same with collections of books and pictures. But it is only the vicissitudes of existence and the shortness of human life that must be blamed. The tide sweeps away the sand castles, the auctioneer disperses the hoarded treasures. And yet, what better can we do than build sand castles at ten years old, and form collections at sixty? Nothing will remain in any case of all our work, and the love of old books is not more foolish than any other love.The French, from Le Jardin d'Épicure, 9th ed. (Paris: Calmann Lévy, 1895), pp. 124-126 (some misprints corrected):
Le goût des livres est vraiment un goût louable. On a raillé les bibliophiles, et peut-être, après tout, prêtent-ils à la raillerie; c'est le cas de tous les amoureux. Mais il faudrait plutôt les envier puisqu'ils ont ornés leur vie d'une longue et paisible volupté. On croit les confondre en disant qu'ils ne lisent point leurs livres. Mais l'un d'eux a répondu sans embarras: «Et vous, mangez-vous dans votre vieille faïence?» Que peut-on faire de plus honnête que de mettre des livres dans une armoire? Cela rappelle beaucoup, à la vérité, la tâche que se donnent les enfants, quand ils font des tas de sable au bord de la mer. Ils travaillent en vain, et tout ce qu'ils élèvent sera bientôt renversé. Sans doute, il en est ainsi des collections de livres et de tableaux. Mais il n'en faut accuser que les vicissitudes de l'existence et la brièveté de la vie. La mer emporte les tas de sable, le commissaire-priseur disperse les collections. Et pourtant on n'a rien de mieux à faire que des tas de sable à dix ans et des collections à soixante. Rien ne restera de tout ce que nous élevons, et l'amour des bibelots n'est pas plus vain que tous les autres amours.