Wednesday, November 20, 2019
Portrait of the Blogger
Jean de La Bruyère (1645-1696), Characters I.62 (tr. Henri van Laun):
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If I may venture to say so, there are certain inferior or second-rate minds, who seem only fit to become the receptacle, register, or storehouse of all the productions of other talents; they are plagiarists, translators, compilers; they never think, but tell you what other authors have thought; and as a selection of thoughts requires some inventive powers, theirs is ill-made and inaccurate, which induces them rather to make it large than excellent. They have no originality, and possess nothing of their own; they only know what they have learned, and only learn what the rest of the world does not wish to know; a useless and dry science, without any charm or profit, unfit for conversation, nor suitable to intercourse, like a coin which has no currency. We are astonished when we read them, as well as tired out by their conversation or their works. The nobility and the common herd mistake them for men of learning, but intelligent men rank them with pedants.
Il y a des esprits, si je l'ose dire, inférieurs et subalternes, qui ne semblent faits que pour être le recueil, le registre ou le magasin de toutes les productions des autres génies; ils sont plagiaires, traducteurs, compilateurs; ils ne pensent point, ils disent ce que les auteurs ont pensé; et, comme le choix des pensées est invention, ils l'ont mauvais, peu juste et qui les détermine plutôt à rapporter beaucoup de choses que d'excellentes choses; ils n'ont rien d'original et qui soit à eux; ils ne savent que ce qu'ils ont appris, et ils n'apprennent que ce que tout le monde veut bien ignorer: une science vaine, aride, dénuée d'agrément et d'utilité, qui ne tombe point dans la conversation, qui est hors de commerce, semblable à une monnaie qui n'a point de cours; on est tout à la fois étonné de leur lecture et ennuyé de leur entretien ou de leurs ouvrages. Ce sont ceux que les grands et le vulgaire confondent avec les savants et que les sages renvoient au pédantisme.