Tuesday, January 19, 2016
Civility
Ernest Renan (1823-1892), Recollections of My Youth, tr. C.B. Pitman (London: Chapman and Hall, 1883), pp. 312-314 (footnote omitted):
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Theirs was the true French politeness; that which is shown not only towards acquaintances but towards all persons without exception. Politeness of this kind implies a general standard of conduct, without which life cannot, as I hold, go on smoothly; viz. that every human creature should be given credit for goodness failing proof to the contrary, and treated kindly. Many people, especially in certain countries, follow the opposite rule, and this leads to great injustice. For my own part, I cannot possibly be severe upon any one a priori. I take for granted that every person I see for the first time is a man of merit and of good repute, reserving to myself the right to alter my opinions (as I often have to do) if facts compel me to do so....The right way to behave at table is to help oneself to the worst piece in the dish, so as to avoid the semblance of leaving for others what one does not think good enough—or, better still, to take the piece nearest to one without looking at what is in the dish. Any one who was to act in this delicate way in the struggle of modern life, would sacrifice himself to no purpose. His delicacy would not even be noticed. "First come, first served," is the objectionable rule of modern egotism. To obey, in a world which has ceased to have any heed of civility, the excellent rules of the politeness of other days, would be tantamount to playing the part of a dupe, and no one would thank you for your pains.
C'était la vraie civilité française, je veux dire celle qui s'exerce, non seulement envers les personnes que l'on connaît, mais envers tout le monde sans exception. Une telle politesse implique un parti général sans lequel je ne conçois pas pour la vie d'assiette commode; c'est que toute créature humaine, jusqu'à preuve du contraire, doit être tenue pour bonne et traitée avec bienveillance. Beaucoup de personnes, surtout en certains pays, suivent la règle justement opposée; ce qui les mène à de grandes injustices. Pour moi, il m'est impossible d'être dur pour quelqu'un a priori. Je suppose que tout homme que je vois pour la première fois doit être un homme de mérite et un homme de bien, sauf à changer d’avis (ce qui m'arrive souvent) si les faits m'y forcent.... La bonne règle à table est de se servir toujours très mal, pour éviter la suprême impolitesse de paraître laisser aux convives qui viennent après vous ce qu'on a rebuté. Peut-être vaut-il mieux encore prendre la part qui est la plus rapprochée de vous, sans la regarder. Celui qui, de nos jours, porterait dans la bataille de la vie une telle délicatesse serait victime sans profit; son attention ne serait même pas remarquée. «Au premier occupant» est l'affreuse règle de l'égoïsme moderne. Observer, dans un monde qui n'est plus fait pour la civilité, les bonnes règles de l'honnêteté d'autrefois, ce serait jouer le rôle d'un véritable niais, et personne ne vous en saurait gré.