Friday, January 11, 2019
A Flock of Timid and Industrious Animals
Alexis de Tocqueville (1805-1859), Democracy in America, Part II, Book IV, Chapter VI (tr. Henry Reeve):
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After having thus successively taken each member of the community in its powerful grasp and fashioned him at will, the supreme power then extends its arm over the whole community. It covers the surface of society with a network of small complicated rules, minute and uniform, through which the most original minds and the most energetic characters cannot penetrate, to rise above the crowd. The will of man is not shattered, but softened, bent, and guided; men are seldom forced by it to act, but they are constantly restrained from acting. Such a power does not destroy, but it prevents existence; it does not tyrannize, but it compresses, enervates, extinguishes, and stupefies a people, till each nation is reduced to nothing better than a flock of timid and industrious animals, of which the government is the shepherd.
I have always thought that servitude of the regular, quiet, and gentle kind which I have just described might be combined more easily than is commonly believed with some of the outward forms of freedom, and that it might even establish itself under the wing of the sovereignty of the people.
Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit, enfin, chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.
J'ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens defaire le tableau, pourrait se combiner mieux qu'on ne l'imagine avec quelques-unes des formes extérieures de la liberté, et qu’il ne lui serait pas impossible de s'établirà l'ombre même de la souveraineté du peuple.