Saturday, January 12, 2019
Greek Pleasures
Ernest Renan (1823-1892), Saint Paul, tr. Ingersoll Lockwood (New York: G.W. Carleton, 1869), p. 141 (note omitted):
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A nothing, a tree, a flower, a lizard, a tortoise, giving rise to the recollection of a thousand metamorphoses sung by the poets; a thread of water; a little hollow in the rock, which they term a nymph's cave; a well with a cup on the curb-stone; a strait of the sea, so narrow that the butterflies cross it and still navigable for the largest vessels, as at Poros; orange-trees, cypresses, of which the shade extends upon the sea; a little forest of pines in the midst of rocks; — are sufficient in Greece to produce the contentment awakened by beauty. Walking in the gardens at night, listening to the locusts, sitting in the moonlight while playing the flute, going to the mountain for water and taking with them a little roll of bread, a fish, and a cyathus of wine, which is drunk while singing; in family festivities, hanging a crown of leaves over their door, or going with flowers in their hats; on public fête days, carrying the thyrsus ornamented with leaves; passing whole days in dancing, playing with tame goats, — such are Greek pleasures, the pleasures of a race, poor, economical, eternally young, inhabiting a beautiful country, finding their fortune in themselves and in the gifts which the gods have made them.
Un rien, un arbre, une fleur, un lézard, une tortue, provoquant le souvenir de mille métamorphoses chantées par les poëtes; un filet d'eau, un petit creux dans le rocher, qu'on qualifie d'antre des nymphes; un puits avec une tasse sur la margelle, un pertuis de mer si étroit que les papillons le traversent et pourtant navigable aux plus grands vaisseaux, comme à Poros; des orangers, des cyprès dont l'ombre s'étend sur la mer, un petit bois de pins au milieu des rochers, suffisent en Grèce pour produire le contentement qu'éveille la beauté. Se promener dans les jardins pendant la nuit, écouter les cigales, s'asseoir au clair de lune en jouant de la flûte; aller boire de l'eau dans la montagne, apporter avec soi un petit pain, un poisson et un lécythe de vin qu'on boit en chantant; aux fêtes de famille, suspendre une couronne de feuillage au-dessus de sa porte, aller avec des chapeaux de fleurs; les jours de fêtes publiques, porter des thyrses garnis de feuillages; passer des journées à danser, à jouer avec des chèvres apprivoisées, voilà les plaisirs grecs, plaisirs d'une race pauvre, économe, éternellement jeune, habitant un pays charmant, trouvant son bien en elle-même et dans les dons que les dieux lui ont faits.