Saturday, June 08, 2019

 

Animal Sacrifice

Alain (1868-1951), The Gods II.6 (Ritual; tr. Richard Pevear):
Man holds himself back. He does not eat the way animals eat; if he did he would want to be worse than they are. Nor does he kill the way animals kill. The sacrifice of an ox to Jupiter or Neptune seems absurd at first; Jupiter lives on ambrosia; and besides, after they burn the skin and fat of the animal, men eat the meat themselves. Sacrifice is less an offering than a way of killing; what is sacrificed, as it should be, is the intoxication of killing, the bath of blood and entrails, and other horrors that kill the killer. On second thought, then, we must admire, as a reasonable practice, this prelude to dinner, and this frankness in bringing butchery and cooking into the light and making them ceremonious. And it is only a device, though not entirely, to imagine that the god of politics is the witness and ordainer of these things. It is to bring civility before its extreme opposite; and civility, in this difficult situation, is always highly ornate. That is why the horns of the fatted calf are gilded, why the bands are knotted, why it is the priest or the chief who strikes the blow; and it is a bad omen if the blow does not kill cleanly. Force is caught in this trap, and is almost civilized. Next to which our hypocrisy makes us barbarians; we do not want to see the killing; all of our civility goes into the eating. However it amounts to the same thing; it is no more decent to grab your knife as if you were about to kill a stewed beef or a roasted chicken a second time. The carving of meats was a high office in the palace, not long ago; it was graceful, like the movements of a dancer.

L'homme se retient. Il ne mange pas comme les bêtes, car il voudrait alors être pire qu'elles. Il ne tue point non plus comme les bêtes. Le sacrifice d'un boeuf à Jupiter ou à Neptune est absurde à première réflexion; car Jupiter vit d'ambroisie; et, au reste, après avoir brûlé quelques poils, on mange très bien l'animal. C'est que le sacrifice est moins une offrande qu'une manière de tuer; et ce qui est sacrifié, comme il convient, c'est l'ivresse de tuer, le bain de sang et d'entrailles, et autres horreurs qui tuent le tueur. Par meilleure réflexion il faut donc admirer au contraire, comme une pratique de raison, ce prélude du repas, et cette franchise d'amener au jour la boucherie et la cuisine, et de les faire cérémonieusement. Et ce n'est qu'artifice, non pas tout à fait artifice, si l'on imagine que le dieu politique est le témoin et l'ordonnateur de ces choses. C'est porter la politesse jusqu'à son extrême contraire; et la politesse, en cette situation difficile, est toujours très ornée. C'est pourquoi les cornes de la génisse sont dorées, pourquoi les bandelettes sont nouées, pourquoi c'est le prêtre ou le chef qui porte le coup; et c'est mauvais présage si le coup ne tue pas net. La force est prise à ce piège, et civilisée au plus près. Nous sommes barbares à côté, par hypocrisie; nous ne voulons pas voir tuer; nous mettons toute notre politesse dans le manger. Toutefois elle est encore la même; car il n'est pas séant d'empoigner son couteau comme pour tuer encore une fois le bœuf en daube ou le poulet rôti. Découper les viandes était un haut emploi du palais, il n'y a pas longtemps; et c'est encore un geste de danseur.
I wonder if politique here might mean politic, sensible, judicious, rather than political.

Id.:
Horace promised the blood of a goat to his spring. At first the mind dreams wildly at the thought of water being so profaned, but that road leads nowhere. It is necessary first of all to quiet our misanthropy; then the purpose becomes clear, which is that a serum of blood is one way of filtering water.

Horace promet à sa fontaine le sang d'un chevreau. L'esprit rêve d'abord follement devant cette eau profanée; mais ce chemin ne mène nulle part. Il faut premièrement apaiser la misanthropie; alors l'idée se montre, qui est que le sérum du sang est un moyen de filtrer l'eau.



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