Friday, April 03, 2020

 

Sleepless Nights

E.M. Cioran (1911-1995), History and Utopia, tr. Richard Howard (1987; rpt. New York: Arcade Publishing, 2015), p. 57:
We spend the prime of our sleepless nights in mentally mangling our enemies, rending their entrails, wringing their veins, trampling each organ to mush, and charitably leaving them the skeleton to enjoy. Whereupon we forbear, overcome by fatigue, and drop off to sleep. A well-earned rest after so much scruple, so much zeal. Moreover we must recover our strength in order to begin all over again the next night—resuming a labor that would discourage the most Herculean butcher. No doubt about it: having enemies is no sinecure.

Nous employons le plus clair de nos veilles à dépecer en pensée nos ennemis, à leur arracher les yeux et les entrailles, à presser et vider leurs veines, à piétiner et broyer chacun de leurs organes, tout en leur laissant par charité la jouissance de leur squelette. Cette concession faite, nous nous calmons, et, recrus de fatigue, glissons dans le sommeil. Repos bien gagné après tant d'acharnement et de minutie. Nous devons du reste récupérer des forces pour pouvoir la nuit suivante recommencer l'opération, nous remettre à une besogne qui découragerait un Hercule boucher. Décidément, avoir des ennemis n'est pas une sinécure.



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